Billets d'Humeur

Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse

Quand j’étais petit, j’avais envie de grandir….

J’ai grandi professionnellement dans le monde de l’automobile qui sous la pression des marchés a dû apprendre et trouver des solutions pour subsister. Finalement, il a trouvé mais s’est aperçu en innovant qu’il y a encore et encore, toujours quelque chose à découvrir. Insatiablement.
J’ai été élevé à la conquête des Clients et aux fluctuations des affaires où l’accélération de ses propres apprentissages ne nous épargne pas des échecs cinglants ou des déceptions. Souvent ils se produisent juste au moment où les choses se mettent en perspective presque comme vous les espériez, à portée de main, potentielles, promises quoi ! Et, comme s’il était besoin de les éprouver vous-mêmes, une fois encore comme pour vérifier, tout s’échappe ou presque, juste parce que ce n’était pas l’heure, pas la vôtre, pas ce jour-là. Et vous recommencez.

J’ai recommencé. Je suis consultant en excellence opérationnelle parce que j’ai grandi dans le faire et que j’y ai appris que l’excellence n’est pas la perfection mais le chemin pour y arriver en apprenant de ce qui ne va pas ou ne va plus, parce que le monde évolue. Insatiablement.

Mon travail de consultant repose sur le partage et l’appropriation de trois clés :

1. Les virages :
Combien de virages avez-vous raté sur les milliers que vous avez passés ? Des serrés et des sournois, sous la neige et le verglas, dans le brouillard en évitant un, trop large, pris par celui d’en face, en cherchant un CD dans la boite à gants ou troublé par les jambes de votre passagère, surpris par le sanglier qui a choisi de couper la route à ce moment-là ou ébloui par des phares restés branchés en vous croisant ! Mais comment faites-vous ? Sûrement pas comme en production en contrôlant après l’avoir passé si vous l’avez bien passé ! Sûrement pas en postant un contrôleur à la sortie, ou alors, il vient bien après pour ramasser les morceaux ! Mais comment fait-on ? Et si on faisait simplement pareil au poste de travail : faire tout avant pour que ça se passe bien pendant !
A la réflexion, c’est comme ça que nous sommes devenus ce que nous sommes et que nous sommes encore là pour en témoigner. Ceci vaut d’abord pour la sécurité au travail, bien sûr, parce que je préfère ne pas attendre d’avoir un bras coupé pour apprendre comment ne pas le faire : il ne m’en reste plus qu’un ! Alors je m’appuie sur une analyse de risques pour tout faire avant pour que ça se passe bien pendant que je travaille et rentrer entier chez moi tous les soirs pour pouvoir jouer avec mes enfants. J’ai besoin de mes deux pouces pour la PlayStation !

2. La paie :
Combien de fois votre paye avait une erreur sur le nombre de payes que vous avez eues ? J’ai constaté que petites ou grandes, essaimées ou sur site unique, industrielles ou artisanales, productrices ou de services, toutes je vous dis, toutes savent et produisent des payes justes. Malgré les fluctuations des horaires, les heures supplémentaires à taux variables et les repos compensateurs, les absences de toutes natures pour chaque employé et des taux de cotisations qui changent, quasiment jamais la paye est fausse. Pourquoi ? Sans système qualité, sans procédure triplement signées, sans tralala. Mais comment fait-on ? Et si on faisait simplement pareil au poste de travail : personne, non personne, n’accepte fondamentalement qu’il y ait une erreur dans la paye ? C’est inadmissible ! Et comme tout le monde est d’accord avec cette conviction, ça marche !

J’ai donc la même conviction pour ce que je fabrique, parce que le client a le choix de venir acheter nos produits… ou pas. S’il nous fait l’honneur de choisir les nôtres, lui montrer qu’il a eu raison de le faire parce qu’il en est satisfait, est la clé de mon emploi. Alors je m’appuie sur cette même conviction que personne n’accepte, en qualité de client, d’avoir acheté des produits défectueux ! C’est inadmissible ! Et comme tout le monde est d’accord avec cette conviction, ça devrait marcher !

3. Le lièvre et la tortue :

Combien de fois avez-vous recommencé pour avoir improvisé, vous être dépêché, ne pas avoir fait attention, avoir pensé que c’était facile,….? dans la fable du lièvre et de la tortue, qui a gagné ? Pas celui qui courrait le plus vite mais celui qui, à son rythme, ne s’arrêtait jamais. En éliminant la fabrication des défauts parce que je fais bien du premier coup et en éliminant les gaspillages de temps, pas en travaillant plus vite parce que la précipitation me fait faire des erreurs et retour au point de départ pour recommencer, je contribue activement à ce que l’entreprise gaspille moins, donc gagne de l’argent. Et donc se donne les moyens de se développer pour, d’abord, maintenir mon emploi, et sans doute pouvoir en créer d’autres. Et comme je vois directement comment j’y contribue et comment je peux progresser, j’ai envie de participer à l’amélioration continue en installant et en appliquant les mécanismes qui savent apprendre de ce qui ne va pas ou de ce que le monde qui change exige de nouveau.

Quand j’étais petit, j’avais envie de grandir et j’ai fait beaucoup d’effort pour apprendre, ne serait-ce que pour marcher. Et mes parents m’ont encouragé quand je tombais pour que j’essaye encore. Aujourd’hui, certes j’ai pris de l’âge, mais je n’ai toujours pas le sentiment d’avoir grandi devant tout ce que j’ai découvert devoir encore apprendre. Et mes chefs m’encouragent quand je tombe. Insatiablement.
On pourrait donc raisonnablement penser que les changements que l’on nous dicte et auxquels le monde semble nous contraindre ne sont ni plus ni moins que cette transposition de la vie de tous les jours – les virages, la paye, l’appétit d’appendre- dans le monde du travail pour pouvoir nous y adapter. Les essayer, les associer, les discerner, les appliquer…

Mon slogan c’est mieux faire mieux. Et mon travail, je l’entends comme simplement faire partager ces trois clés à mes Clients et à leurs employés. Bien sûr, il y a quelques méthodes qui facilitent et assurent le résultat. Bien sûr, c’est de confiance et d’enthousiasme dont il est question. Bien sûr, quand il n’y a pas trop mal aux dents ou qu’il n’est pas encore (trop) tard, c’est d’un peu de temps et de beaucoup de conviction dont il est besoin.
Le goût d’apprendre de l’insatisfaisant me motive et me fait accepter l’inconfort qu’il exige.

– Apprendre, ça s’apprend comment, Maître ?
– Comme cuisiner pour manger quand tu as faim, Disciple !
– Mais je peux ne manger que ce que j’aime sans savoir cuisiner, Maître ?
– Oui, mais tu apprends aussi à cuisiner ce que tu n’aimes pas manger, Disciple !
Gérard Leidinger

Posté le 15 octobre 2017
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