Billets d'Humeur

Bien des signes les alertent dans les dérives et les glissements des indicateurs installés à cet effet, parce que rien n’est immuable dans la nature. L’absentéisme qui augmente, les défauts de fabrication qui s’accumulent, les ruptures d’approvisionnements qui s’agacent, les situations dangereuses qui concourent aux accidents du travail qu’on avait presque oubliés, les tensions qui s’expriment au top 5 avec animosité, les problèmes qui ne se résolvent plus aussi vite, le climat qui s’alourdit jusqu’aux démissions qui s’enchaînent… et, bien sûr, pas celles de ceux que l’on voudrait, quand le cancer est déjà bien métastasé.

le parallèle
Dans la Démocratie, quand, affligés, les deux tiers des citoyens considèrent qu’il n’est pas utile d’aller voter parce qu’ils ne croient plus à l’efficacité de l’acte, ni à celle des managers politiques qui veulent les conduire, ni dans la prise en considération de leur insatisfaisant pour améliorer les choses, les dirigeants avisés se poseraient les bonnes questions. A dire vrai, s’ils avaient été avisés, ces dirigeants auraient tout fait pour que cela n’arrive pas. Surtout, quand les signes ont été exprimés pour les alerter en débordant des indicateurs, certes, dispersés, hétéroclites un peu et récurrents justement, certes, déterminés puisqu’indignés jusqu’à revendiquer la justification de l’incivilité, certes, émotionnels et viscéraux comme latents et frustrants, mais, unilatéralement, irrésolus. Aucun discours ou pire, que des discours, dispersés et récurrents, politiquement prédéterminés jusqu’à l’irrecevabilité et l’incrédulité, émotionnellement condescends pour leurrer et dramatiquement latents pour durer, mais, unilatéralement, inefficaces et distants de la vraie vie.

le paracétamol
Dans l’Entreprise qui se délite, ce sont les dirigeants qui sont ressaisis s’ils ne le font pas eux-mêmes, ou, ce sont les Clients qui s’en vont si elle ne se réinvente pas. Dans la Démocratie qui se délite, si ce ne sont les dirigeants qui se ressaisissent, les Citoyens se détournent, mais elle ne s’est pas réinventée. Ils se détournent de plus en plus nombreux, chaque fois, comme un cachet d’aspirine pour avoir moins mal à la déception. Alors, prochaine étape ? Ils se détournent, mais pas sans frais : puisque la confiance n’y est plus et qu’il n’est rien à quoi s’accrocher, les instincts primaires de survie reviennent à la surface, pour se donner autant l’impression de ne pas s’avilir que l’illusion de s’agiter pour réessayer d’y croire, certes, mais, nécessairement violemment, puisque démunis, même de celui de pouvoir démettre les élus nécessairement décevants, puisqu’avec les mêmes méthodes et les restes de cette même crédulité, sortis des mêmes moules. Et l’on continue de prétendre qu’en Démocratie, c’est le peuple qui décide. S’il y a un message clair à comprendre, c’est que ces dirigeants, collectivement, ont réussi un consensus à 2/3 des suffrages exprimables : ne plus avoir envie d’agir comme des tartes ! Même s’il faut relativiser l’objet de ce vote-là (alors pourquoi le proposer et quelle est donc du coup, son utilité structurelle ?), quel que soit celui qui l’a été depuis bien longtemps pour n’importe quelle élection, il n’a rien changé. Il s’est toujours fini, après la crédulité justement, par la même désillusion !

le paratonnerre
Avez-vous entendu d’autre discours de ceux qui les tiennent que celui du constat de désintérêt, de la satisfaction d’avoir limité la remontée à la surface des instincts et de la satisfaction d’avoir été plébiscité, mais sans la moindre réserve de ne l’avoir été que par moins de 15% du corps électoral ?
Rien sur le nécessaire changement de méthodes, rien sur l’incontournable remise en cause du contenu, rien sur l’indispensable redéfinition du système, de sa représentativité, de sa responsabilité, de son efficacité, pire : c’est le salarié le fautif ! Là où le Dirigeant pense ainsi, peu de cas est à donner de l’Entreprise. Qu’advient de fait notre Démocratie :le citoyen comme paratonnerre ? Et ils voulaient réenchanter la politique !
Moralité : un dirigeant politique n’est sans doute pas un manager. Qu’on se le dise !
Mais alors, comment peut-il prétendre vouloir mener ?

le parasismique
Il n’est pourtant que trois défis à lever pour se ressaisir avec des mesures efficaces et mesurables liées concrètement à la vie ordinaire de tous les jours, et il y a urgence pour 2022 :
– Satiété : que chacun dispose de quoi vivre bien, raisonnablement et décemment,
– Sérénité : que chacun puisse se projeter dans demain, raisonnablement et décemment,
– Equité : que chacun trouve son équilibre à l’effort consenti, raisonnablement et décemment.
Mais raisonnable et décent ne sont ni fixés ni convenus, à aucun des bouts. Comment pouvoir prétendre alors viser juste ?

Bonjour la mascarade d’un à venir… tectonique, n’est-il pas ?

Gérard Leidinger

Auteur de la Déconomocratie (les 3 colonnes)