Billets d'Humeur

Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse

choisir son futur, une vraie prise de Terre

Dans son livre à succès "et si c'était vrai" dont j’emprunte le titre pour articuler mon post, Marc Lévy nous emmenait dans une histoire insensée dont il estompait le caractère invraisemblable en la racontant sans aucun doute sur sa réalité. Et nous nous y sommes laissés prendre, par le seul fait de la visualiser comme telle, vraisemblable, plus crédible que Dieu lui-même, immortalisé par Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine !
Ils s’y mettent à plusieurs, et c’est peu dire, pour nous emmener dans l’histoire insensée de notre environnement en déconfiture, nous la racontant sans aucun doute sur sa réalité, mais faute de visualisation d’après, nous nous la projetons encore invraisemblable. Moins crédible que Dieu lui-même, car pas encore peinte au plafond de la chapelle civile ?


Si c’était vrai, le déficit d’énergie ?
Rajoutez à mes propos profanes toutes les expertises qui les compléterons utilement pour les assoir sur des données scientifiques et les calculs savants qui démontrent les fatalités, les limites et les déficits auxquels nous nous exposons en continuant notre chemin incrédule sur eux. Le problème n’est pas leur vraisemblance, car il n’y a plus que les lobbyistes qui s’y opposent et tous ceux qui ont tout à perdre pour s’y raccrocher. Les autres n’ont pas encore peint le plafond de leur chapelle. Le problème n’est pas la réalité de leurs limites, puisque les calculs démontrent que l’énergie fossile ne pourra pas être compensée par l’énergie renouvelable et que l’exigence de production des alternatives est hypothéquée par celle dont il est besoin pour les produire. Maître Jancovici et ses pairs comme Cédric Roussel n’arrêtent pas de nous distiller les démonstrations, si bien qu’il ne nous est plus possible de nous en tenir aux éoliennes par la barbichette ou nous draper de panneaux solaires pour alimenter nos trottinettes !
Pour rééquilibrer le déficit d’énergie, à court terme et sans escompter une découverte providentielle miraculeuse, il nous faut, certes, engager le programme de conversion et en pensant recyclage (ce qui n’est pas le cas malgré les leçons), mais, surtout, en consommer moins, c’est-à-dire, repeindre le plafond de notre chapelle Sixtine, d’une réalité « éolyophilisée » et « solaridistillée » avec le nucléaire pour continuer notre chemin réajusté !

Si c’était vrai, la voie sans issue du profit ?
Sans vouloir lui faire porter une chasuble de grand prêtre qu’il ne revendique pas, je ne sais pas me priver de la référence aux post de Jean Latreille, professeur raisonné agrégé de sciences économiques et sociales, pour soulever l’insoutenable inconsistance de l’appétit d’argent qui fait converger toutes les énergies du monde de ses adeptes idolâtres en une seule et unique obsession : le profit. Pire, non pas pour son utilité qui pourrait encore lui trouver une honorable motivation, mais pour sa possession et son accumulation pures et simples, ce qui la ternit au point d’en être néfaste parce qu’elle l’est au profit non pas du Vivant dans son ensemble, mais à celui de quelques individus seulement de l’espèce prédatrice, triés par les circonstances et leur voracité sans prédateur. Il n’y a aucun recours à une quelconque morale pour porter un jugement de valeur sur le processus et sa finalité, mais simplement, une fois encore, le souci de mettre en exergue les fatalités, les limites et les déficits assis par les calculs et les données scientifiques : l’accumulation des déchets et des pollutions si impactantes qu’elles hypothèquent la pérennité de la biodiversité, les ponctions irréversibles de matières limitées que la Terre s’est donnée, la course effrénée à la consommation éphémère de cette espèce prédatrice aux dépens de toutes les autres, pour le seul but absurde et suicidaire de maintenir un système illusoirement illimité sur des ressources qui ne le sont pas.
Pour corriger la trajectoire de notre voie sans issue, à court terme et sans escompter une morale providentielle miraculeuse, il nous faut, certes, engager un programme de conversion, mais surtout remplacer notre ambition de possession personnelle, c’est-à-dire, repeindre le plafond de notre chapelle Sixtine, avec la représentation d’une réalité « rebonheureurisée » et « solidarhumanisée » pour continuer notre chemin évolutionnaire pour « mieux », pas pour « plus » et pour tous les individus de l’espèce en respectant toutes les autres vivantes !

Et si c’était vrai, l’inconsistance des déséquilibres ?
Ce n’est pas tant, me semble-t-il, le principe de consommer en soi qu’il faille remettre en question, mais si j’ai bien compris, d’une part son inutilité par l’aspect éphémère qu’il cherche à satisfaire en gaspillant et par sa nature à la fois en matière de ponction, de pollution et de non-recyclabilité des molécules que l’on fige si bien dans nos transformations que la nature ne sait pas les réutiliser comme elle sait si bien le faire avec ses propres développements où rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Nous avons cru bon et intelligent de transgresser ces lois et de prétendre être une image bonifiée de l’Évolution au point de décréter que les équilibres qui y prévalent sont obsolètes pour toutes les espèces mais pas pour tous les individus de la nôtre. C’est ça le déséquilibre coupable !
Entre les outrances et les appétits insatiables de nos ambitions, depuis que nous nous sommes mis debout et avons conçus l’abstraction, nous ne savons plus discerner le moment où le balancier ne sait plus revenir d’être allé trop loin. Toute l’histoire de nos traces laissées dans les sédiments de nos essais de civilisation est écrite sous le sceau des déséquilibres que nous avons générés et qui nous ont, à chaque fois, anéantis ou presque. L’inconsistance et la prétention de notre espèce ne me dit rien qui vaille pour apprendre de notre lucidité et que, malgré le bien fondé de ses attendus, la décroissance si chère à Thimothée Parrique ne soit pas un décret réaliste déclenchable raisonnablement. Depuis que tous les sages anciens nous ont transmis leurs limites, leurs calculs et leurs fatalités, nous n’avons pas évolué, nous n’avons que progressé matériellement et n’avons rien appris à faire d’autre. Si nous ne nous traçons pas d’alternative raisonnable, nous allons donc, nous aussi, matérialiser nos traces comme les Étrusques, les Égyptiens, et les autres. Nous, dans le silicium. Mais nous n’aurons toujours pas évolué, c’est-à-dire, su créer des propriétés intrinsèques nouvelles qui n’existaient pas.
Pour rééquilibrer notre inconsistance, à court terme et sans escompter une révélation mystique providentielle, il nous faut, certes, engager un programme de conversion, mais surtout remplacer notre faim de choses par un besoin de sens, et notre soif de jouissance par une envie d’accomplissement, c’est-à-dire, repeindre le plafond de notre chapelle Sixtine, d’une réalité de « plénutilité » et de « polaridestiné » pour raccrocher notre chariot aux vents du soleil, le temps qu’il saura maintenir la Vie !

Et si c’était vrai, l’immoralité de la morale ?
Ce n’est pas de morale dont la nature s’est constituée, mais de lois d’utilité (plénutilité) et d’association (polaridestiné). Vous qui inventez pour projeter notre futur, et si c’était vrai ce déficit d’énergie, cette voie sans issue du profit et ce déséquilibre inconsistant de notre prolifération, quel monde nouveau nous repeindriez-vous sur le plafond de la chapelle en partant d’une feuille presque blanche de l’évolution ? Considérez-là, par exemple, à partir du moment où le progrès n’a été que de compenser nos limites matérielles au détriment de nos limites spirituelles, aller, depuis avoir conçu Notre Dame de Paris, pas sur la foi en Dieu qui nous a si longtemps limités, mais sur la puissance de la symbolique qui a structuré sa construction : Utilité et Association !

Oui, rêver est illimité et indolore pour notre environnement et notre survie. Pourquoi ne pas nous y engouffrer avec notre chariot ? Quel boulevard pour être heureux, ensembles, enfin !
Et si c’était vrai ?

Gérard Leidinger
Auteur de Clitoyens, prenons en main notre Vivre bien

Posté le 21 avril 2024
Nos Métiers
Cibler Construire Contrôler Corriger
Commentaires

    Email :

    Les autres billets
    Courir après la richesse : pauvre projet !
    Posté le 9 décembre 2024
    A l’image du skipper du Vendée Globe qui se dépêche d’atteindre l’horizon au bout de la mer qu’il n’atteindra jamais, (...)
    Nous, des veaux ? … Nnoonn… Quoique !
    Posté le 26 novembre 2024
    Le cirque ubuesque des députés de toutes natures dans l’Assemblée Nationale comme les parades de paons des présidents de collectivités (...)
    Vivre avec l’impermanence au lieu de la dénier
    Posté le 17 novembre 2024
    Avec des mots simples venus du cœur, des ressentis fervents venus des tripes et des interrogations froides venues de la (...)
    Éradiquer la bêtise humaine, voilà LE progrès !
    Posté le 27 septembre 2024
    Depuis que j’ai appris que les lions ne chassaient plus un troupeau d’antilopes fragilisé pour lui donner le temps de (...)
    Pour ne pas s’avouer sots, continuons à croire à nos récits…
    Posté le 10 septembre 2024
    Le récit politique comme des milliers d’autres, entretiennent à dessein, le besoin de l’Homme de se raccrocher à une histoire (...)