Billets d'Humeur

Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse

Covidamné, mais Pourquoi Moi et pas Eux ?

Découvrir en même temps que de comprendre et prendre les mesures adaptées qui s’imposent tient de la gageure intuitive autant que du consensus espéré des experts pressentis consultés. Comme on découvre, on est expert en tout ce qui tourne autour en prêtant à ce qu’on observe les probabilités de ce que l’on connait. On trouve des ressemblances, on fait des analogies, on suppose des homothéties et on projette ses déductions. Raisonnablement, en toute conscience. Et on affine par itération. Processus logique, même pour un "pas expert" !

Ceux qui sont aux commandes, désignés par la confiance qu’ils ont su gagner, prennent les décisions qu’ils pensent, eux aussi, devoir prendre en s’appuyant sur le consensus le plus raisonnable des intuitions des experts et font ces choix qui correspondent à leurs évaluations comme les meilleurs compromis entre risques/contraintes et bénéfices. Sans certitude, puisque l’on apprend en même temps que l’on décide, sans promesse puisque la méconnaissance ne l’autorise pas, seulement avec le souhait d’avoir été à la hauteur des conséquences observées et des scénarios projetés, parce que le pire, en réalité, c’est de ne rien décider. C’est déjà ça.

Le magma visqueux
Pour les populations respectueuses du mandat donné, les consignes et les dispositions sont appliquées avec docilité et consensus qui renforcent la probabilité de réussite des dispositifs adoptés, mais dans tous les cas, permettent de comprendre en cas de revers, les causes de ce qui n’a pas fonctionné. Pour les populations moins « disciplinées », les consignes et les dispositions font l’objet de controverses polémiques qui entament la docilité et le consensus ce qui renforce la probabilité d’échec des dispositifs, mais dans tous les cas ne permet pas d’identifier et de comprendre en cas de revers, les causes de ce qui n’a pas fonctionné. Les pays cités en exemple pour la gestion de l’épidémie sont là pour en témoigner.

Et puis vient le temps, rapidement, alors même que l’on est encore à chercher à comprendre, où d’autres experts que ceux qui ont été consultés, sollicités eux par la course à l’information, devrait-on préciser, la course au scoop ou au sensationnel qui fait le buzz et l’audimat, viennent rajouter à l’intuition officielle l’intuition personnelle en la justifiant d’abord par le doute sur les données élémentaires qu’ils réajustent, puis des critères avec lesquelles elles sont exploitées retoquant les retenus, puis bien entendu, des hypothèses transverses ou décalées sur lesquelles reposent leurs projections, et enfin, pour légitimer leurs affirmations, affirment que leur intuition aurait dû prévaloir aux décisions sans pouvoir apporter une preuve mesurable puisqu’ils sont, eux-aussi, encore dans le temps de la compréhension.

Mais qu’à cela ne tienne, le pavé est lancé, la polémique enfle, les relais partisans sont pris de fièvre et les détracteurs contredisants transis d’indignité. Le brouhaha devient inaudible si bien que plus personne ne croit personne et que les comportements s’accommodent en fonction des entendements résiduels que chacun s’est forgé en y triant au final ce qui lui causait le moins d’inconfort pour dicter sa religion.

La rigueur d’application des règles sanitaires « barrières » martelées par les décideurs sont à l’image de cette religion personnelle. Devant un comportement invisible et indolore, difficile de garder vigilance en toute circonstance au risque de s’exposer dans un comportement considéré comme bien étrange au milieu d’une normalité, même irresponsable, mais moralement « régularisée » par la masse environnante locale. Encore une fois, puisque la discipline est presqu’un outrage à la liberté, tous les prétextes sont bons pour la déconsidérer impunément. D’ailleurs, j’ai lu que… Je me suis laissé dire que… Et on ne nous dit pas tout…
Info ou Intox, c’est cela le problème ? Visqueux, disais-je, impropre à la discipline.

Et s’y rajoute une communication indécise
Mais comme s’il ne suffisait pas au magma visqueux d’agglutiner les faits, les vérités, les suggestions, les jugements et autres condamnations pour bien clarifier le débat, voilà que la communication officielle des dispositions prises, déborde elle-même d’incompréhensions flagrantes, d’arbitrages perceptibles comme incohérents et de restrictions sélectives à géométries aussi variables qu’inachevées puisqu’ils génèrent de l’indécision. La pire des situations. Ce qui ne semble pas avoir été le cas dans les mêmes pays « disciplinés ». Je ne vais pas refaire ici la liste à la Prévert de toutes les doléances de tous les métiers qui se sont mis à nus pour étayer mes propos, l’Opinion s’est forgée les siennes, les exemples sont légions et les partis pris explicites autant que ceux qui sont pris à parti.

En réalité, quand les uns argumentent leur décision par les vies à sauver, les autres rétorquent qu’ils s’inquiètent pareillement pour leur vie à eux, mais face à un autre danger. Pour faire court, on pourrait caricaturer le choix qui s’impose à eux entre mourir peut-être du Covid ou y survivre sûrement ruiné sans ressource ou presque ? Mais ils sont où, alors, les milliards distribués ? Justifier de pouvoir prendre le risque de la contamination dans une grande surface pour satisfaire à l’essentiel au milieu d’une clientèle nécessairement plus nombreuse sans expliquer en quoi il est plus critique dans des boutiques moins essentielles au milieu d’une clientèle plus clairsemée, voilà le doute implanté sans réponse, sans explication

Pour faire simple : les réponses proposées et les décisions prises sont les réponses à quel « vrai » problème ? On pourrait ainsi éteindre les incendies d’incompréhension allumés un peu partout : vous, experts, ayez l’humilité du consensus. Vous, journalistes, ayez la dignité de l’information. Vous politiques, ayez la décence de l’intérêt collectif. Vous, dirigeants, ayez le respect de notre confiance. Nous, citoyens, ayons le courage de déterrer notre capacité d’adaptation. C’est vrai que nos progrès nous ont coupés de nos entraînements contre l’incertitude et l’inconfort qui ont justement alimenté nos progrès. Ce foutu virus nous aura montré que de ce point de vue, on fait fausse route puisqu’on ne sait plus par quel bout se prendre en main !

Jean, Covidamné de ta liste, je ne sais plus très bien où tu nous conduis comment ? Pour preuve : si j’ai bien compris le confinement d’avant était une réponse au problème de limiter les contacts en « cloisonnant » les gens chez eux et le confinement d’aujourd’hui répond au problème de limiter les contacts en « cloisonnant » les gens à l’extérieur de chez eux parce que les contaminations ont été identifiées comme étant plus fréquentes à l’intérieur. Alors ce n’est plus un confinement ? Donc, restos en terrasse, festivals et spectacles en plein air avec les gestes barrières et les 10 km pour éviter les « groupir » d’avant, et donc, remontées mécaniques dégroupées ! Non ? Mince, j’ai dû raté quelques chose ! Mais quoi, Jean ? Discipliné je veux l’être, mais pas rester bête. Alors reprend ta com’, s’il te plaît et merci, surtout que Philippe prétend qu’au Havre, il n’y a pas le feu au lac de la pandémie et on est confiné « dégroupire » quand même ! ça, ça n’est pas respecter notre confiance !

Le disciple

– A quoi est dû l’incompréhension, Maître ?
– Au fait que le sens des mots et leur place dans les phrases ne soient pas partagés, Disciple !
– Mais si l’incompréhension demeure malgré ces précautions, Maître ?
– Alors, c’est très simple, il y a quelqu’un qui ne veut pas, Disciple !

Gérard Leidinger

Auteur de « La Déconomocratie »,
la téléscopie de l’insatisfaisant

Posté le 21 mars 2021
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