Billets d'Humeur
Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse
Fragments Osés N°2 : Démondialisation équitable et durable
Le shah d’Iran s’est planté en voulant faire passer son pays du moyen âge au 20ème siècle en quelques années. L’ayatollah Khomeini a freiné des deux pieds suivi, à l'époque, par un peuple plus en phase avec ses rituels plus rassurants. Forts de cette leçon, il est aussi sage que prudent de ne pas mettre les peuples de la planète dans le même panier, pour dessiner le monde qui vient comme unique. Bien que sous de nombreux aspects, ils forment un tout interdépendant comme la biodiversité dont les subtils rapports procèdent des fragiles équilibres que nous perturbons, les échanges, les pillages et les colonisations ont tissé un artificiel et malsain filet de pêche aux profits bafouant impunément l’humanité des cultures qui aspirent à leur équitable bien respectif. Et si l’on perçait le panier ?
Au nom de l’immoralité derrière la morale apparente
Il y a dans l’acceptation de l’aspiration des peuples du monde, un subtil mélange entre le niveau de vie respectif qu’ils ont réussis à se donner au gré de leurs histoires, des circonstances et de l’attractivité des ressources de leur sous-sol au « regard » des appétits d’autres plus voraces, et leur propre appétence à vouloir ou moins, à pouvoir ou être empêchés, à espérer ou entreprendre, eux-aussi, leur part de modernité. Je ne sais d’ailleurs pas si le mot est adapté, tant il s’est avili par l’argent qu’elle vise au détriment des progrès qu’elle apporte.
Et justement, c’est toute l’ambiguïté de cette aspiration qui nécessairement doit s’installer sur l’histoire de chacun d’eux, sa culture et ses repères, mais aussi, ce qu’il est besoin pour l’amener, lui aussi, au contentement de la modernité auquel il a droit, au nom de l’équité humaine. Le mal est fait puisque trop et pas assez qui devraient permettre de tracer la ligne salvatrice l’ont distordue par les filets malsains qui se tissent, et en plus, nuisent au Climat. Il faut donc, là aussi, dissoudre quelques fragments durs, sur lesquels les apparents progrès de la modernité, cherchent à justifier leur assise, pour un monde de prospérité durable :
1. La mondialisation s’est organisée sur l’exploitation, pour ne pas parler de pillage, des différences de connaissances et de capacités de projections des valeurs allouées aux matériaux disponibles de façon hétérogène dans les sols du Globe. Les héritiers des « conquistadors » ont donc organisé la poursuite de l’exploitation de ces conquêtes plus ou moins bien redistribuées, au nom du progrès technologique et du système économique qui l’utilise à des fins mercantiles sans partage équitable du Marché et sans mesure sur la disponibilité finie des matières. Absurde.
2. Sans vergogne, le même marché s’est installé sur la différence des niveaux de vie parmi les peuples du Monde et plus spécifiquement ceux du Nord dans ceux du Sud pour augmenter les profits ramassés grâce au filet de la mondialisation. En l’occurrence les différences de salaire et des niveaux de protection sociale associés comme celles des valeurs respectives, de la Vie, du travail et de la dignité, ont déséquilibré les capacités de trouver les ressources pour subsister, créant du chômage chez les uns et de l’esclavage chez les autres. Au nom du profit : moral, ça ?
3. Bien sûr les armateurs de cette immoralité vont interjeter le travail fourni au Sud et la capacité de subsister qui est ainsi « offerte », indécente, peut-être, mais utile. Comment peut-on admettre et faire perdurer que les deux fondements de la mondialisation, le pillage et l’esclavage puissent justifier d’un tissage sociétal inéquitable ? En posant la question sous cette forme directe et sans concession d’humanité, il est facile à comprendre que la modernité dont ces peuples ont besoin est l’accès à la connaissance et à l’autonomie de détermination pour y trouver l’épanouissement avec lequel ils peuvent choisir de poursuivre respectivement leur propre Évolution : sans diktat colonialiste, ni ingérence intéressée ni tutelle asservissante. Mondialisation pour le respect de la Planète, mais dés-universalisation pour le respect de l’Humanité.
Au nom de l’insoutenabilité derrière la loi apparente de la Modernité
A l’image du croisement des longitudes et des latitudes pour s’y repérer, au travers des fils qui ont servi à tisser le filet de la pêche aux profits, on peut identifier l’insoutenabilité du maillage systématique qu’il constitue. La maille de la mondialisation est ainsi la combinaison de la puissance de l’attractivité de l’argent et le pouvoir d’influence de la corruption sur les nécessités démocratiques. Cette maille qui se resserre au fur et à mesure que les peuples s’y agglutinent, universalise les appétits d’avidités et de pouvoirs en asséchant les cultures et les rites sur lesquels reposent leurs spécificités originelles.
Il en découle, inexorablement, le risque d’effondrement de la diversité culturelle au même titre que celle de la Biodiversité par les impacts du filet sur le Climat. Ce qui permet de formaliser l’insoutenabilité de l’universalisation en marche :
1. Au regard du besoin des peuples : selon l’endroit, l’environnement, la biodiversité que la nature y a adapté et la culture que les hommes s’y sont forgée, leurs nécessités pour poursuivre leur évolution n’ont peut-être pas besoin partout des mêmes ingrédients de la modernité : un Big Mac à Papeete ou une mangue à Copenhague, est-ce vraiment un besoin ? Les échanges qui en découlent en deviennent insoutenables en soi.
2. Au regard du niveau de vie : qui pourra refuser l’accès au confort du Nord à la maîtresse de maison du Sud ? Mais comment le concevoir sans dommages supplémentaires à la Planète, alors que les signaux sont déjà au rouge avec celui du ¼ de l’humanité doté ? A cet aspect, il y a deux « insoutenabilité » : la ségrégation (l’inégalité) si l’harmonisation est endiguée et l’incompatibilité (du déploiement) avec les ressources intrinsèques de la Planète. L’asymétrie va nécessairement devoir se rééquilibrer et on peut craindre que ce ne sera qu’après l’effondrement civilisationnel « habituel » dans l’histoire de l’Humanité. Toujours par inanité.
3. Au regard de l’espace et du temps : depuis que la Terre n’est plus plate, mais depuis que sa photo depuis la lune a fait prendre conscience de son exiguïté et de sa finitude, l’espace s’est rétréci et, comme les peuples qui s’y mélangent, d’à peu près circonscrit pour chacun, il se mondialise. Personne, ni les cultures ni les systèmes, n’y est préparé hormis le filet malsain qui s’est tissé cette unicité.
Avec le même machiavélisme, et même si les horaires sont décalés sur la maille des fuseaux, le filet universalise le temps, puisque, encore lui, il impose son heure partout à tout moment. A vouloir en gagner en cherchant à réduire le temps de faire, on perd celui d’être au profit de celui d’avoir. Les Iraniens n’étaient pas prêts, le sud pas encore et le Nord désarçonné ! Mais la maille du filet se resserre alors que sa Voie non tracée est sans issue.
Au titre de la durabilité derrière l’immoralité apparente
Ressortez donc les formules et les sentences de nos bons vieux Grecs et interpelez-les avec le filet de la mondialisation et les méfaits insoutenables et immoraux de l’universalité pour qu’ils reconsidèrent leurs principes aux questions originelles mais mondialisées : incertitude par adaptation et inconfort par contentement, mais équitablement à partir des disparités qu’ils ont institutionnalisées. A la lecture de l’immoralité et de l’insoutenabilité, la circonscription nécessaire de cette prospérité durable à l’échelle de la Planète se dessine clairement autour de cinq aspects qui structurent, pour moi, l’équité sociale mondiale en permettant à chaque peuple d’installer pour chaque individu la possibilité :
1. De trouver l’utilité qui vaille le plaisir suffisant pour subvenir à ses besoins dans son pays,
4. De disposer de l’hygiène et des soins nécessaires à la pérennité d’une existence sereine,
5. De pouvoir disposer d’un logement salubre dans un environnement abrité des aléas naturels les respectant,
6. D’assurer l’accès à la connaissance et à la culture pour savoir tirer le meilleur parti de ses talents pour son épanouissement,
7. De bénéficier de la liberté d’exister dans le respect des interdépendances contribuant inéluctablement à la prospérité collective.
Sapiens, c’est le moment de démontrer que ce n’est pas parce que tu marches sur tes deux pieds que tu es un Homme, mais parce que tu as su concevoir l’abstraction avec laquelle tu as su te donner la capacité de développer ton cerveau ! Mais l’Humanité qui est la tienne, c’est de savoir réguler aussi bien les incertitudes que les inconforts que l’abstraction te souffle.
Cependant, il est temps que cette régulation reprenne les mains à tes appétits pour t’éviter les souffrances qui guettent.
Gérard Leidinger
Auteur de Clitoyens, prenons en main notre Vivre Bien