Billets d'Humeur
Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse
Grande bascule ou turpide Culbute ?

Quand j’entends l‘annonce de la grande bascule alors que j’ai subi le premier choc pétrolier en 1974, je me dis que, par évidence, il y a un truc qui a dû m’échapper : en effet c’est à cette période que l’offre bascula au-dessus de la demande et que la période d’abondance avait déjà endormi tout le monde dans une belle insouciance. Si bien, que par évidence, nul n’eût le courage de reconsidérer le système qui avait rempli son office en donnant le nécessaire à presque tout ceux des pays d’occident
Il aurait suffi de partager avec les autres pour le maintenir en équilibre raisonnable, mais c’était partager et donc réduire la part d’abondance du gâteau des nantis. Alors les tenants ont prétexté la mondialisation dont ils ont usé pour faire durer l’insouciance en soufflant un serpent distillant les crises successives pour, d’évidence, maintenir l’illusion que tout allait rentrer dans l’ordre d’avant, bientôt.
Quand j’entends, donc, que l’on siffle la grande bascule, je comprends que c’est en fait la fin du grand effritement qui a commencé à cette époque, parce que personne ne sait plus comment s’y prendre pour pouvoir encore, artificiellement maintenir l’hypocrisie méprisante du toujours plus aux dépends irrespectueux et coupables des distributions aussi injustes que précaires et des irréversibilités définitives et suicidaires. D’évidence le système est à bout de souffle pour pouvoir régénérer sa perversité malgré quelques relents dramatiques de quelques monarques assoiffés et les effets de l’anesthésie générale qui les avaient plongés dans l’insouciance, réveille les gueux de leur torpeur entretenue. Oui, d’évidence, c’est la grande bascule mais :
– Pas celle de l’abondance mais de celle de la gabegie, remplacée par le début du contentement,
– Pas celle de l’insouciance mais de celle de l’irresponsabilité, remplacée par le début de la sérénité,
– Pas celle de l’évidence mais de celle du dû, remplacé par le début de l’équité.
En réalité, j’eusse aimé, Monsieur le Président, en guise de préparation des esprits, mais pas que ceux des gueux, que vous organisiez vos propos autour de ces nuances pour que l’on vous aide à définir que le monde que vous nous proposez sera, enfin, celui que nous aurons choisi pour avoir repris son pilotage des mains de celles du Hasard et des Marchés : dans votre monde basculé, qui donc va réguler l’argent et tarir la spéculation, qui donc va réguler la technologie et tarir ponctions et pollutions, qui donc va préserver la biodiversité comme l’a fait la nature en installant un régulateur à chaque espèce et pour toutes les espèces entre elles. Depuis que le Bipède a éradiqué les siens, le grand effritement s’est enclenché et la grande bascule s’est débridée. Sans les réinstaurer, vos mots siffleront comme un verdict de complicité coupable et délibérée puisqu’en sifflant le reflux, vous affichez que vous savez. Ce serait une turpide culbute !
Bon courage, cependant, car, d’évidence, il n’est besoin que de cela !
Gérard Leidinger
auteur Clitoyens, prenons en main notre Vivre Bien