Billets d'Humeur

Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse

le Grand Repli Ecologique

C’est la mort de soif du dernier lion qui a enfin décidé l’ONU à décréter le Grand Repli Ecologique. Les Nations venaient de conférer à l’Organisation le pouvoir et l’autorité d’arbitrage planétaire sur les Communs, salutaire et indispensable, au regard des évolutions critiques incontrôlées et dévastatrices. Bien que contraint et déjà perturbé par les modifications significatives des dispositifs énergétiques et des processus de transformation reprenant enfin les cycles naturels dans lesquels rien ne ponctionne ni ne se perd, tout le monde en a reconsidéré avec entrain (si !), ses appétits futiles et vains issus du temps de l’Inconscience.

Enfin, la réaction
Il faut dire que la décision était urgente car tous les impacts sur la biodiversité rendaient l’avenir des modèles inconvenants et celui du vivant très hypothétique. Mais ce n’est pas cette criticité qui a fait basculé les postures, c’est l’intelligence de certains de s’appuyer sur les solutions techniques des scientifiques: la décarbonation de l’énergie et la déconsommation, pour redessiner aux peuples un monde de prospérité décent et raisonnable. Au final, il fut présenté comme un repli technologique, mais surtout une amélioration sociétale, environnementale et personnelle de la qualité de la vie dans laquelle ils pouvaient se projeter « bien ». Pensez :
– Pas d’impact préjudiciable et irréversible sur les équilibres et les cycles de vie car préservés, voire améliorés puisque déprécarisés,
– Pas d’inégalités générées par l’exploitation et la course aux profits car rendues futiles, voire discréditées puisque vaines et préjudiciables,
– Pas de distributions de pouvoirs et d’avidités contradictoires au bonheur et à l’épanouissement collectifs car vidés de leurs avantages, voire fuits puisqu’infructueux,
– Pas de servitudes à un système, mais un système installé au service des équilibres individuels et collectifs, raisonnables et décents pour tous et chacun car recentrés pour cela,
– Pas de compétitions stériles pour satisfaire un égo démesuré mais une solidarité tribale soucieuse de la qualité de vie de chacun car valorisée, voire courtisée puisque anoblie.

L’idée
Le Grand Repli a été installé ainsi, non pas comme une décroissance ou une sobriété, perçues comme une privation, mais comme un recentrage de l’activité du Bipède et du sens même de l’existence sur son objet originel : vivre bien et non plus posséder ! En donnant à chacun un rôle et une affectation digne et épanouissante dans la contribution à la prospérité de la vie collective et recevoir en échange, les moyens d’assurer la satiété, la sérénité et l’équité de sa qualité de vie personnelle, le Grand Repli a donné une place lisible au projet de vie individuel auquel tout le monde aspirait raisonnablement dès lors. Ceci a été possible, quand on installa les bases d’une grille de référence universelle qui évaluait la contrepartie de rémunération en fonction de ses investissements en compétences, de ses engagements en matière de criticité et de pertinence à la qualité de la vie et, enfin, de ses motivations en solidarités et traitements des dysfonctionnements. Principe accepté, parce que tout le monde y a été assujetti pour l’équité décente de ses revenus. Cette grille remplaça avec opportunité et efficacité la règle de l‘offre et de la demande circonstancielle et aléatoire. On a donc ainsi commencé à lui dessiner les contours pour que le citoyen puisse y choisir son chemin, ce qui était impossible pour la plupart, minés par les frustrations, les désillusions et les inadéquations structurelles pendant les temps de l’Inconscience débridée.

L’une des clés
L’habitat s’est organisé en fonction de cet engagement et adossé aux pôles d’activité pour éviter les mobilités inutiles et les gaspillages générés du temps de ces initiatives individuelles « débridées », dite libérales. Le manque d’organisation y était seulement contraint par le souci exacerbé de liberté individuelle illusoire, contradictoire à l’optimum de la collectivité, puisque sans consensus ni coordination pour construire les adéquations évitant les gaspillages et les éphémères. On donna ainsi aux territoires, selon sa géographie et son histoire, une vocation utile et complémentaire entre eux, incluant, chacun, selon leur ambition concertée : un pôle agricole et alimentaire, un pôle urbain et sociétal, un pôle productif de l’utilité, un pôle touristique et culturel, un pôle naturel, propices à un partage local et interdépendant, respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Ce qui semble avoir été délicat à traiter, durant la période de transition du Grand Repli dans un planning serré, ce fut le fait de pouvoir donner un rôle et une affectation à chacun pour pouvoir subvenir à ses besoins compte tenu du tassement dû à la sobriété. Le Repli s’attacha à démultiplier les lieux et les modes de production en se souciant de diminuer les ponctions et les transports des matières, ce qui eut une incidence sur les modes de production. Mais ceci démultiplia le besoin de main d’œuvre dans les pôles et de créativité dans les process. La question cruciale de l’énergie trouva son point d’équilibre entre repli du besoin et conversion du « fossile » par le renouvelable avec une phase nucléaire vigilante. L’urgence accélera la découverte d’alternatives négligées jusqu’alors.
Reliés entre eux pour ce qui est d’utile et de social au service de l’optimum collectif gérable par des moyens sobres, durables et respectueux de la biodiversité, la conception des pôles et leurs interdépendances assurent l’intégrité et le respect des territoires par l’enrichissement et le brassage des cultures respectives sur lesquelles ils ont su rebondir. Les consolidations étatiques traditionnelles du temps de l’Inconscience sont avantageusement ajustées par cet assemblage consensuel et choisi de culture, à l’exemple Celtique, ayant dépassé celui de la langue et des frontières héritées des aléas des conflits de pouvoirs. Cette consolidation n’a de sens que pour représenter le territoire auprès des autres et installer l’autorité de régulation et d’arbitrages de proximité pour préserver fermement (ONU) le respect de l’intérêt collectif quand le contrat moral ne suffit pas.

L‘équité mondiale
Avec un retour à la profondeur du concept de temps, le cycle et non plus la seconde, les pôles sont constitués pour satisfaire les besoins utiles, raisonnables et décents, contributifs à la qualité de la vie espérée où le paraître et l’éphémère qui prévalaient ont été remplacés par la jouissance de l’intensité de Vie et le durable :
– avec la satiété sans gabegie, ni privations, ni dûs, mais cette pincée de ce qu’il est besoin pour la soif,
– avec sérénité, en acceptant l’incertitude et l’inconfort comme cette pincée de ce qu’il est besoin pour s’engager,
– avec équité, sans pouvoirs ni avidités individuelles, mais cette pincée de ce dont il est besoin pour respecter les équilibres collectifs.

L’inestimable bénéfice du décret du Grand Repli, a été que ces dispositions ont été prises et appliquées à l’Humanité entière, dans chaque pays, quelle que soit sa situation du temps de l’Inconscience. Les pays du Tiers-monde d’avant se sont donc instantanément ou presque organisés en pôles d’activités comme les autres, ce qui a anéanti sur la planète entière le besoin et l’envie de recourir à la guerre pour espérer une domination et un pouvoir sur les ponctions (pétrole, gaz, métaux,) devenus inutiles. On y est arrivé avec le repli sur la qualité de la vie et l’épanouissement volontariste et déterminé de la sagesse de l’Homme, délivré fermement de ses appétits malsains :
– en installant le régulateur qui manquait sur l’argent spéculatif et la liberté illusoire,
– en donnant au peuple les moyens de choisir son projet de vie, ce qu’il n’avait jamais pu faire puisque le Hasard et le Marché décidaient pour lui,
– en lui donnant l’autorité de révocation d’un projet politique insatisfaisant pour la collectivité ou dérivant dans des circonstances discordantes.
Le Grand Repli Ecologique fut ainsi une réelle inflexion salutaire dans le cours de l’Evolution de la Vie sur Terre pour avoir compris qu’il fallait un maillon de plus à la démonstration de Darwin : restaurer le prédateur/régulateur de l’espèce du Bipède que la Nature avait installé, comme à chacune de celles de la biodiversité, pour le respect des équilibres collectifs. Le Bipède avait lui-même progressivement éliminé les siens, au nom d’une liberté et d’une sentencieuse suprématie biblique, fallacieuse au demeurant, qui s’était avérée, in fine, incompatible avec la Vie.

Ainsi fût-il, selon les anthropologues qui fouillèrent nos vestiges et nos impacts non réparés, quelque part dans le 3 -ème millénaire de l’empreinte dite abusivement « chrétienne ».

Gérard Leidinger
Auteur de Clitoyens, prenons en main notre Vivre Bien,
en cinq propositions et une pincée de sel

Posté le 20 juillet 2022
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