Billets d'Humeur

Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse

L’Espoir des Confluences

A l’image de ma brève sur le mur des lapimentations, le post de Hubert Serret sur les propos de Bertrand Piccard qui veut allier écologie, technologie et économie, étale tout son flot de commentaires lapidaires et lamentables d’états d’âmes où des tas d’âneries noient la profondeur et l’intérêt de la proposition sans bien entendu apporter quelque chose au débat ouvert. La seule contribution de ces lamentations est une fois de plus, de nourrir le défaitisme et la suspicion ambiants qui n’ont d’intérêt que pour les extrémistes grincheux de pouvoir étaler avec dépit leur intime désespérance.

Les confluences

En réalité, le post d’Hubert l’interpelle sur la définition des termes utilisés par Bertrand et pour lesquels je me suis permis une réponse. C’est la mienne pas celle de Monsieur Piccard dans l’espérance de faire pouvoir converger les consciences sans laquelle pas de mise sur le chemin des faisabilités possible et, surtout, indispensable. L’approche m’a soufflé cette brève pour le partage qu’elle alimente et espérer enrichir réciproquement notre vocabulaire collectif.

Pour Economie : système qui permet de donner les moyens de vivre bien à tous les Humains.
Pour Technologie : outils et objets qui permettent de mettre en œuvre et d’appliquer le système posé pour qu’une offre y satisfasse une demande,
Pour Ecologie : souci de préservation des espèces et des mécanismes naturels qui permettent la vie dans l’animation et les impacts du système.

Pour les industriels et autres managers de LinkedIn avertis, on entend le murmure de l’Excellence sourdre très fort dans la définition de la performance économique proposée, mais peut-être trop peu soucieuse des exigences d’évolution de fonctionnement du système dans lequel elle se développe, rivée sur ses comptes de bilans et sa cote boursière. On y entend aussi, mais bien plus discret, le souffle de la responsabilité sociétale saccader la réflexion qui s’enclenche en voulant leur combiner, à la fois, la technologie et l’écologie : La technologie pour l’innovation qu’elle inspire dans l’intégrité et l’éthique du Vivant et l’écologie pour lever l’hypothèque sur la pérennité de la qualité de la Vie que nous avons engendrée. Subtile et habile combinaison d’une trilogie potentiellement gagnante à défaut d’une inertie coupable, mais conditionnée par l’évolution inévitable des paradigmes explicatifs et influents du monde que l’on s’est donné et de la confluence des sens que l’on veut bien convenir d’y comprendre.

Comme j’ai déjà pu vous m’en confier, il n’y a pas de route tracée ni de but à l’Evolution que nous observons depuis les origines pas plus qu’il n’y a de pilote dans le cockpit. Si je reprends ces images fortes c’est seulement pour mettre en perspective les choix et le poids des circonstances qui ont orienté l’itinéraire tracé, comme il en a été pour les peuples et civilisations anciennes qui nous ont laissé des traces et qui se sont éteintes ou mieux délayées dans des transitions tout aussi déroutantes ou anxiogènes que celle que nous abordons nous, maintenant. Que sont donc devenus le Sénat romain, les moines copistes ou la bibliothèque d’Alexandrie ? Aaahhh ! réponds Claude !
Si le pétrole est une denrée limitée, l’excellence de la technologie sera de lui trouver un remplaçant. Mais d’ici à ce qu’il soit épuisé, le niveau de son coût va grimper de par sa rareté et semer une belle pagaille dans les hôpitaux pour remplacer les poches de sang et dans les supermarchés pour remplacer les bouteilles d’eau. On attend la panne sèche ou on met un curseur d’alerte pour accélérer la transition ?
La gouvernance des choix et des poids n’est plus l’apanage d’une nation n’en déplaise à la Chine ou aux Etats Unis, à l’Europe ou aux Talibans, pour ne citer que les people du moment, mais celui de la Planète entière puisqu’il n’y a plus que 5% de terre « vierge » inexplorée me suis-je laissé dire. Ceci ne nous permet même pas de prétendre que nos incivilités environnementales et nos veuleries sur les autres espèces ne les aient pas touchées non plus. Il est donc grand temps de faire converger les consciences et de travailler sur le poids que la combinaison de la trilogie de Piccard devrait prendre pour influencer l’orientation du vaisseau de l’Evolution. Gardons, malgré tout, le terme pour ne pas marcher dans une flaque de sinistrose et nous mettre sur la défensive, au risque de préserver l’illusion des Conservateurs, même s’il peut s’agir d’un choix collectif respectable de marquer le pas dans le progrès comme le font les Amish. Mais eux, ils se sont arrêtés avant le pétrole et la pollution !

Les conditions de l’espoir
Des paradigmes influents d’aujourd’hui que j’appelais à faire évoluer, il me semble qu’il en est trois déterminants au point de les considérer comme la cause de nos égarements. Ils ont en commun qu’ils n’ont, contrairement à toutes les espèces qui vivent sur la planète, pas de prédateur, ce qui leur donne un statut et une arrogance préjudiciable et omnipotente, donc irrésolvable. Entendez par « prédateur », cette menace permanente qui maintient en vigilance sur les incertitudes qu’elle fait perdurer et en apprentissage sur les inconforts engendrés, tout ce que nous avons progressivement cherché à éliminer avec succès mais aussi, casses. Le renard l’est resté pour les lapins et les chasseurs sont venus l’aider :
– Homo Sapiens n’a pas de prédateur donc il se comporte sur la Planète en toute impunité, au mépris des autres espèces et ponctionne ses capacités d’assurer le vivre bien de chacune à ses seuls appétits. Pour préserver le bien collectif du Vivant, il est indispensable d’installer un garant des équilibres qui le ramène au raisonnable et au décent. Observez ce que la Covid nous enseigne sur le sujet…
– L’Argent n’a pas de prédateur non plus donc il se comporte sur la Planète en toute impunité, au mépris des autres espèces et ponctionne ses capacités d’assurer le vivre bien de chacune à ses seules avidités. Pour préserver le système installé pour permettre à chaque individu de Vivre Bien sur la Planète en la respectant, il est indispensable d’installer un contrepouvoir à l’argent pour le reconfigurer dans le rôle d’outil astucieux pour lequel il a été créé et lui enlever le rôle d’objectif dictatorial qu’il s’est sournoisement octroyé.
– Le Pouvoir Politique n’a pas de prédateur non plus, donc il se comporte dans le pays qui l’a élu en toute impunité et irresponsabilité de ses décisions au mépris des autres ou presque et ponctionne leurs capacités d’assurer le Vivre bien respectif à ses seuls objectifs de pouvoir à maintenir. Entendez ici, par prédateur, ce pouvoir de démettre un mandat irrespectueux de son élection pour réguler et canaliser son pilotage et lui insuffler le courage politique qui lui manque. Ce qui veut dire qu’il est indispensable d’installer une démocratie qui mandate un pilote de projet dans lequel le même peuple qui l’installe puisse le démettre. Pour ce qui concerne le pilotage du projet, celui-ci ne lui confère aucun droit d’endetter le pays, de lever de nouveaux impôts pour satisfaire ses promesses et ses caprices, moins encore d’échanger des privilèges contre des voix. Que sont devenus les Césars et autres Pharaons de toute obédience politique ? Délayés dans les transitions irrésolvables de leur propre omnipotence !

Alors Monsieur Bertrand Piccard, et alors seulement, votre si synthétique trilogie pourra porter ses fruits et nous aider à peser du poids suffisant pour infléchir la trajectoire de notre vaisseau. Mieux, de par les confluences que l’on saura y poser, elle nous mettra collectivement (l’Humanité) et « sociétalement » sur le chemin de la transition puisqu’il faudra quand même inventer ou découvrir un remplaçant au pétrole. L’impulsion du solaire est sans doute un premier pas de ce chemin de mille lieues… Mais la transition ne pourra pas être conduite en promettant que ce sera moins bien, moins confortable et plus incertain. La bouteille d’eau en plastique ou la poche de sang ne pourrons pas être remplacés en revenant au pot en terre cuite d’avant et on ne pourra pas dire à nos enfants qu’il ne faut plus rêver de voler dans un avion comme une illuminée iconaulotjusqu’auboutiste irrésolvable a pu prétendre.

Alors appelons de nos vœux la transition écologique, certes, mais convenons que le projet réel auquel nous devons nous atteler impérativement est l’amélioration des facteurs de qualité de Vie sur Terre, ceux que nous fragilisons par nos activités irrespectueuses et suicidaires. La transition écologique devient alors la préservation de la biodiversité pour celle de la Vie en Evolution : économique pour les moyens qu’elle génère pour vivre, technologique pour l’intégrité des espèces de le faire bien et écologique pour le respect de mère Nature qui nous a engendrés.
Merci Bertrand et merci Hubert pour l’ensemencement.

Gérard Leidinger

Auteur de la Déconomocratie

Posté le 5 octobre 2021
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