Billets d'Humeur
Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse
Des Lunettes à Oreilles pour suivre Top Chefs Elections
Presbytes, hypermétropes, astigmates et myopes des oreilles, bonne nouvelle nous venons de trouver des lunettes pour vous permettre de distinguer dans le halo de la cacophonie ambiante les recettes de cuisine des Top Chefs candidats aux Elections. Le casting n’a pas fait dans la dentelle pour nous proposer aussi bien de la cuisine astronomique en orbite mondialisée que de la brasserie charcutière revenue à la bière de l’emploi sans sel en passant par la formule de la lutte des classes recuites à la cocotte euro païenne sans oublier le fast-food aromatisé à « l’écolo bio » de capitaux sans glu ni teigne.
Malgré leurs efforts de nous prêter dans leurs mots nos maux à nous, à les entendre, ils ont tous compris ce que nous non. Eux tous savent que nous n’en savons rien ou si peu qu’ils ne nous disent pas tout ou que ce qu’ils veulent quand on ne fouille pas. Eux tous pensent, que nous n’en pensons pas moins mais surtout pas ce qu’il nous faudrait pour notre bien. Alors, eux tous promettent ce qu’ils pensent que nous voudrions entendre mais nous avons ôté nos lunettes de sourds pour humer les saveurs de ce qu’ils voudraient nous faire prendre pour des recettes : mais à ma connaissance, jamais une liste de course n’a fait un potage, et toujours trop d’épices nuit aux goûts originaux, non ? Quel dialogue ! On dirait des sourds qui parlent avec des signes à des non-voyants en chantant comme des sirènes pour monter sur les oiseaux dressés d’avatars depuis nos caissons de décompression, j’aurai pu écrire de « des cons sous pressions », bien sûr. Bref, je suis en colère de tant de gâchis, de tant de meulons farcis qui nous prennent pour des demeurés : même avec mes lunettes à son je n’arrive pas à me dépêtrer des sons sourds, des en sourdines, des en sourcils, des en souriant, des sourcilleux, des sournois, des sourciers et autres sonnailles. C’est à qui sonne le glas !
« Au nom du peuple, Insoumis, une volonté pour faire battre le cœur de la France, en marche » : mis bout à bout, leurs slogans respectifs pourraient presque avoir du sens. Comme si les candidats de Top Chef Election proposaient du veau bourguignon en mouillettes d’huîtres cendrées papillotes sur lit de choucroute perlée. Ce qui pourrait signifier en langage élection avec un bon décodeur genre canal+: recette présidentielle pour français moyen, beauf mariné dans un jus de carottes cuites, plumé comme un œuf et coincé entre les cendres d’un revenu perdu avec son emploi et les paquets de prélèvements fiscaux qui surnagent sur les petits arrangements entre amis sans amertume. De quoi faire perdre son humour à Philippe Etchebest dans cauchemar en cuisine lui-même !
Cauchemar en cuisine !
Parce que c’est ça, ces élections : un cauchemar ! Les réfrigérateurs des ministères et des régions, mal entretenus faute d’argent, regorgent de fonctionnaires pleins de jus de bonne volonté mais un peu défraîchis par la chaleur des frictions politiques contradictoires pas conservées à température d’un mandat à l’autre. Les fours à politiques publiques sont maculés des graisses de projets indigestes et de festins inachevés à force de trop touiller la tambouille pour nourrir les repus d’un camp puis de l’autre en laissant les restes abandonnés à la hâte pourrir comme une usine désaffectée. Les armoires à épices regorgent de rapports pour faire mieux, entassés par ordre chronologique de commanditaires inspirés qui projettent de ne pas oser projeter ce qui pourrait bousculer le bon ordonnancement des recettes séculaires. On a toujours touillé comme ça ! A la plonge, la cour des comptes épluche les gaspillages enfouis dans les poubelles amassées des arrières cours des maisons des départements flambantes neuves, érigées pour amadouer le citoyen en pensant qu’il pourrait être fier d’en être mais sans y goûter ! Sur les pianos encrassés des conseils de tous poils, à gaz pour certains et à induction pour les autres quand ils ne sont pas éclectiques, les mammouths et les dinosaures qu’on croyait pourtant avoir disparu paissent dans les cours de récréation de leurs archaïques écoles de filles et de garçon des partis en se plaignant que leurs élèves apprennent toujours plus vite et plus intensément les matières de la rue que les académiques. Dommage qu’ils n’ont toujours pas compris que l’huile des palmes du même nom nuit à la santé et que la fumée des écrans des bonnes notes tue l’esprit collectif dont les élèves ont besoin plus tard pour réussir dans le monde où les filles et les garçons se sont mal mélangés depuis longtemps par manque de discernement malappris.
Menus de « faites » ce que je dis, pas ce que je fais
Un doigt de méthodes, un verre de raison et un grand bol d’amour devraient suffire pour nous concocter un joli projet à consommer sans modération, mais au lieu de cela :
– une soupe à la grimace, un râpé de fonctionnaires et un réchauffé d’austérité santé pour tous sauf pour l’un : courage, fuyons ! Le filon tricoté de Pénélope pourrait être cousu de fil blanc.
– une poignée de main gauche philanthropeuforique, une autre de main droite profinancupide, mijotées fraîcheur mojito ultra blanc à rayer les couloirs ministériels : qui veut des macarons ? Il y avait Mac Donald, maintenant, mangez Mac à ronds, et venez comme vous êtes !
– un soumis déglacé, deux soucis grillés, trois sourcils froncés pour décapiter une fois pour toutes le capital capitonné : mélangeons tout ! Mais l’enchanterons-nous s’il n’est plus personne pour avoir goût à l’emploi ?
– un gens bon, un gens blanc, un gens beur, un gens mi grand, un gens mi-figue mi-raisin à « ségrégationner » d’avec les autres euros païens : marinons, marinons, que la peine soit avec nous !
– unis par le sel d’un revenu dont on ne sait d’où, mais si doux au goût pour des désemployés passés à la mandoline tranchante des avantages sociaux enviés mais délocalisés avec le travail : ramons, ramons, ah mon bon âme, on payera la paix en « euroliennes » de transition énergétique!
Clignez des oreilles pour distinguer l’homme candidat de son avatar qu’en dit mieux ou mettez vos lunettes à oreilles pour distinguer le menu qui vous empoisonnera le moins la vie puisque l’on ne sait même pas nous dire que ce sera mieux : pour les uns il faut nous recroqueviller, souffreteux et angoissés dans notre petit village gaulois pour nous protéger des galettes de Sarrasins, là où pour d’autres, nous devons devenir des mendiants universels et uniformisés mais indemnisés de n’avoir plus d’emplois à embrasser ; pour d’autres encore, embarrassés d’une main gauche et d’une main droite à chaque bras pour mieux se serrer les coudes, nous devons y trouver cette huile de « rit sain » pour oublier qu’on a mal, pendant que pour d’autres, c’est de râper le mille feuille indigeste qui s’est goinfré de tant d’emplois indéterminés sauce ketchup aux retraites améliorées qu’il faut aujourd’hui césariser : et doc gynéco n’a pas d’anesthésique. Alors comme au bon vieux temps : un bâton entre les dents et une bonne rasade de rhum !
T’inquiètes, ça va le faire. Votes !
– Oui, mais qui ?
– Quelle importance, c’est un avatar comme les précédents.
– pourquoi la colère nous aveugle-t-elle, Maître ?
– parce que le cerveau à peur de ne pas avoir de solution alors il s’y noie, Disciple ?
– Comment ne pas me laisser envahir par la colère, Maître ?
– ne la laisse pas entrer ou fait un trou pour qu’elle s’échappe, Disciple !
Gérard Leidinger