Billets d'Humeur
Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse
Même se plier en quatre risque de ne pas suffire pour jouer à 21 !
Sans vouloir refaire l’histoire, il suffit de remonter la liste des derniers Présidents, pour constater et comprendre que si nous ne suivons pas le conseil d’Einstein, nous pourrons éternellement battre le pavé, et même de plus en plus violement, rien n’y fera puisqu’il « est fou celui qui s’attend à obtenir des résultats différents en faisant les mêmes choses ».
Quelle félicité d’avoir pu déloger la vieille garde héritée du Grand Charles dont elle avait bien dilué la stature, pour fleurir d’une rose le pavé battu par l’Opinion qui prenait enfin les rennes de sa destinée ! Mais trop vite installée ou trop profondément marquée par ses démons, elle avale ses couleuvres d’argent sans qui elle ne sait pas faire tourner la boutique. Le pavé reprend timidement du service pour ne pas se parjurer lui-même de suite, laissant du temps au temps comme demandé, mais sceptique.
Faut-il qu’elle se sente quand même trahie pour devoir se désister et finir par rappeler les anciens au point de manger des pommes ! Déçue, désarçonnée, désillusionnée, ne sachant plus à qui se vouer, elle s’essaye même au mixage de la rose et de la pomme dans une salade improbable. En mettant si bien tout ce petit monde dos à dos, elle s’indispose de ne plus savoir sur qui cristalliser son insatisfaction.
Ne sachant plus à quelle étoile accrocher son chariot, elle s’en remet à une détermination plus agitée, à l’activisme nerveux mais un tant soit peu agaçant par cette espèce d’arrogance prêtée au paraître ampliatif. Le pavé n’en rate pas une pour le faire savoir. Echaudé par la surdose, il s’embarque dans son contraire, un compromis mou aussi mordant qu’un chamallow pétri d’inconsistance insipide, de peur de l’insupportable et de l’agitation. Mais, dépitée et circonspecte, l’Opinion se cherche elle-même pour défendre des convictions et ses contraires. Elle se raccroche aux traditions et les refoule, veut s’en tenir aux gardes fous restant pour ne pas devoir s’aventurer sur les passerelles conduisant à demain, sans bouée. Et, s’enhardi.
Exit le compromis mou et, c’est dire, s’acoquine plus intriguée que convaincue, avec un « en même temps » jupitérien pour une marche échappatoire, dans une mayonnaise éclectique brouillant les repères et jetant les cartes pour ne pas savoir très bien à qui les distribuer. Résultats : pavé ! Jusqu’à le peindre en jaune et se voir remettre un césar d’honneur pour l’ensemble de son pédalage irrésolu devant une retraite irrécusable pour ne relever qu’elle.
Et pour rajouter une couche de confusion, un virus envahissant et traitre, au mimétisme parfait du en même temps partout, prend tout le monde au dépourvu. Il dépourvoit tous ceux qui doivent de ce qu’ils peuvent et tous ceux qui peuvent de ce qu’ils devraient. Par rage, tout le monde y va du sien dans une cacophonie inaudible pour se donner l’impression de faire quelque chose en pédalant aussi, dans une choucroute trop salée. Mais, sans carte, la marche s’embourbe et les pas se dérobent sous le sol visqueux sur lequel l’opinion a de plus en plus de mal à rester debout.
Plus une bite d’amarrage crédible, plus d’ancre fiable pour stopper la dérive !
Même se plier en quatre, obstinés, risque bien de ne pas suffire pour jouer à 21 ?
Gérard leidinger