Billets d'Humeur
Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse
Pensées non vécues et Vies non pensées
Les désillusions successives engendrées par les promesses électorales intenables et irréfléchies démontrent, s’il en était encore besoin, que la démocratie résulte de l’amalgame hétéroclite de bien nombreuses pensées non vécues comme d’autant de moments de vie non pensés.
Individuellement comme collectivement
Pour peu que ni l’une ni l’autre ne l’ait été bien, c’est-à-dire bien pensée ou bien vécue, force est de se raccrocher à l’amertume jusqu’à l’agressivité du dépit pour supporter la sentence de l’insatisfaisant et s’accommoder de la réalité brute. Ajoutez aux enfermements des clivages partisans, l’insoutenable légèreté de la conviction d’une illusoire capacité des dogmes des uns à fédérer les foules des autres et vous taillez, de toutes pièces, de coupables et perverses, autant que désespérantes et révoltantes postures qui n’ont plus d’autres choix que de se laisser aller à la violence pour soulager leurs implosions inavouables devant l’échec et l’impuissance, celle de mâle primaire, vexé !
Individuellement comme collectivement.
Ce qui est cruel autant qu’inacceptable, c’est que ceux qui prétendent conduire ceux qui les suivent ne pensent pas en Bien pour la convergence des foules mais en dogmes pour les pouvoirs qu’ils confèrent ou du leur en propre, tant qu’à faire, comme si, au final, il y aurait plus à gagner dans la division. Mais y gagner quoi ?
Jamais, ni nulle part, ni pour longtemps, ceci n’a été le cas et pourtant, on insiste, on recommence, on s’accroche. Pour preuve, ce qu’il en advient à chaque fois : l’Opinion contre les gouvernants, immuable processus d’un couple persistant d’écervelés de tous dogmes qui démontrent inlassablement que l’homme n’a rien compris ou ne veut pas se rendre à l’évidence. Et pourtant les sages, les Grecs, les philosophes et les tribuns ont laissés leurs enseignements, en gage de conviction, mais en vain.
Avec les tourments pandémiques et depuis peu poutiniens, servis par les circonstances de la Vie sur Terre comme des hors d’œuvre à une humanité cynique et méprisante qui n’a pas de prédateurs, avant de lui faire avaler le plat de résistance qui nargue déjà ses narines avec ses sautes d’humeurs climatiques, il est aussi suicidaire que complice de ne pas savoir (pour être conciliant) ou plutôt de ne pas vouloir (pour être intègre) se respecter soi et ses valeurs pour se prendre en main nous-mêmes, peuples, puisque ceux qui conduisent ne le font pas : consommer moins, voyager moins, rouler moins vite, manger moins de viande, acheter moins de futilités, plus local, réparer, respecter… C’est gratuit, c’est économe et ça ne frustre rien d’autre que l’absurdité de l’éphémère inconsistant qui nous y assujetti. Et comme tous ces moments vécus pas si mal jusqu’ici sans penser, vont nous être retirés par les tourments, plat de résistance, pas pris au sérieux, il est grand temps de penser bien comment nous allons pouvoir vivre maintenant, le moins mal possible, mais plus sobrement. Ah, oui, forcés de n’y avoir pas cru ou entretenus, crédules, dans une douce insouciance. Ce qui est à déplorer, c’est de nous avoir privés de ce processus de penser bien la transition écologique indissociable de penser bien la transition démocratique qui doit la conduire pour oser et savoir se réinventer, alors que les circonstances s’y prêtaient : les tourments (hors d’œuvres) et les élections, comme des obstacles pour rebondir, mais on a tout gâché, tout négligé, aveuglés, comme d’habitude, par nos gloutonneries !
Au lieu de vos listes de courses réchauffées, de vos slogans éculés dans vos meetings orientés et de vos dogmes obsolètes d’un autre siècle, ce sont des outils nouveaux, des pensées neuves, pour un monde nouveau dont nous avons besoin. Donc, oser changer de repères et nous les suggérer eut été responsable. Mais, au nom de quel « confort » peut-on penser ne pas pouvoir (devoir) vivre sans le gaz, le charbon ou le pétrole russe, alors que des gens ne peuvent plus oser penser vivre le « confort » que l’on vient de leur enlever, voire vivre tout court ? Où sont nos « valeurs » ?
Faut-il que l’humanité soit si peu humaine en soi !
Mais les monstres, c’est nous et frileux. Alors pour le réchauffement climatique, autant dire, c’est mort !
Et il faut voter dans cette unanime inhumanité ?
Encore si mon vote blanc pouvait signifier : « revoyez votre copie, je ne m’y retrouve pas ! »
Mais mettre un bulletin pour le moins pire, c’est, déjà, me semble-t-il, ne pas se respecter.
Alors ?
Gérard Leidinger
Auteur de la Déconomocratie, monde et démocratie en crises pour citoyens en défiance