Billets d'Humeur
Les brèves (pas tant que ça !) de la mouette rieuse
Un problème de Simple Perception
Il n’est l’heure de rien que de protéger ceux qui ne sont pas contaminés et de soigner avec acharnement ceux qui le sont et plus encore ceux qui le sont gravement. Il n’est l’heure de rien que de laisser faire ceux qui s’affairent à le faire avec dévouement et une réelle abnégation quant aux risques qu’ils prennent eux-mêmes malgré tout et de leur témoigner tous nos respects et nos soutiens. Il n’est l’heure de rien que de penser un peu à ceux qui s’évertuent quand même à ce que l’on ne manque de rien à manger et saluer tous ces routiers, ces magasiniers et ces caissières qui bravent aussi la toile invisible du fléau pour nous permettre d’attendre sans trop de privations.
Il n’est l’heure de rien que de respecter les consignes pour nous protéger et protéger les autres avec rigueur et cohésion pour que la toile s’épuise par manque de prises à défaut de pouvoir la défaire par prise de médicaments.
Il n’est l’heure de rien que de s’en remettre aux décisions prises dont les commentaires, de bonnes ou mauvaises, contraignantes ou timides, insuffisantes ou surfétatoires, ne sont que de simples perceptions puisque rien ne peut les justifier plus véritables et de meilleures vérités, d’un point de vue comme de l’autre, sans en accepter les doutes à défaut de pouvoir produire des preuves incontestables. Je me range donc derrière ceux qui les ont prises parce qu’il vaut mieux une mauvaise décision que pas de décision du tout, une molle plutôt qu’une mauvaise, une incomplète à temps qu’une meilleure trop tard. Ce qui est sûr, c’est qu’à entendre la cacophonie des trop ou pas assez qui démontre en soi leur manque de fondement, le temps de se mettre d’accord ou de trouver un autre « bon » processus de décision, on sera tous librement, égalitairement et fraternellement contaminés au moins, si ce n’est nombreux, morts. J’ai confiance dans le bon sens avec les avis autorisés qui ont sans doute étaient pris, en pensant que celles qui ont été retenues nous mèneront, pas trop sonnés, jusqu’à cet inévitable jour d’après pour lequel il va falloir patienter encore un peu.
Il n’est l’heure de rien que de s’en remettre à ce qui est, en ayant foi dans l’inévitable adaptation qui sera de mise à chaque moment venu, en gardant à l’esprit qu’il sera temps de compter les bouleversements avérés, malheureux comme les difficultés que tout ceci aura généré ou plus heureux comme les preuves de pollution de notre mode de vie que tout ceci nous aura légué, ce fameux jour d’après.
Il n’est l’heure de rien que de nous protéger et de protéger les autres par notre discipline et notre discernement pour le faire aussi par nous-mêmes, pour être encore là ce fameux jour et pouvoir nous redessiner, à ce moment-là seulement, un monde qui en aura pris la leçon d’après les faits. Pendant, n’est qu’une simple perception, libre certes, mais prématurée.
– pourquoi l’instabilité nous impose-t-elle tant d’efforts de compensation, Maître ?
– elle t’impose ainsi la recherche de l’équilibre pour l’esprit et le corps, Disciple !
– mais alors l’équilibre est un mirage après lequel il est inutile de courir, Maître ?
– sauf à comprendre que c’est le mouvement entre trop et pas assez qui est la vie, Disciple !
Gérard Leidinger